À l’heure où les conflits se multiplient à l’échelle mondiale, où les diasporas s’étendent et se côtoient dans leurs pays d’accueil et où la nécessité d’établir des relations inter-culturelles pacifiques se fait plus que jamais pressante, le théâtre offre une plate-forme intéressante pour amorcer un tel dialogue. La pièce Birthmark, écrite par Stephen Orlov et mise en scène par Liz Valdez et Michelle Soicher, s’inscrit dans ce contexte en s’attaquant à un sujet très actuel, quoique délicat: le conflit israélo-palestinien.

Birthmark-D. Charafeddine, N. Tannous photo by Jaclyn Turner
Dalia Charafeddine et Natalie Tannous / gracieuseté Jaclyn Turner

Les répercussions des guerres ne se limitent jamais aux frontières des pays où on les mène. Dans Birthmark, le conflit israélo-palestinien trouve un écho dans les histoires personnelles de quatre personnages habitant à Montréal. D’un côté, le Juif laïque David Stein cherche à convaincre son fils Nelson, dont les croyances sionistes s’opposent aux siennes, d’abandonner son projet de vie: partir s’installer dans l’une des colonies israéliennes nouvellement fondées sur la rive occidentale. De l’autre côté, l’immigrante palestinienne Jamila Hassan doit faire face à la radicalisation de sa fille Karima, une étudiante uqamienne très engagée. Alors que tout semble les séparer, les trajectoires de ces personnages se retrouveront entremêlées, pour le meilleur et pour le pire.

En présentant cette pièce, Stephen Orlov, qui se définit comme un Juif progressiste, démontre une forme de bravoure et une persévérance louables. En effet, il faut du courage pour proposer une lecture du conflit au Moyen-Orient qui remet en question les notions sionistes appuyées par une large partie de la communauté internationale. Chapeau également pour la distribution diversifiée, qui comporte tant des acteurs juifs que palestiniens, ce qui fait vraiment plaisir en ces temps d’appropriation culturelle.

Birthmark- P. Keeler et S. Spreekmeester, photo de Jaclyn Turner
Patrick Keeler et Stephen Spreekmeester / gracieuseté Jaclyn Turner

Cependant, si l’intention de départ mérite le respect, le récit en lui-même ne parvient pas à nous convaincre. On baigne dans un pathos excessif, alors qu’un drame n’en attend pas un autre. Chaque révélation et chaque coup de théâtre alourdit la pièce, donnant l’impression que le scénariste cherche à justifier les actes apparemment dénués de sens des personnages, au point d’en devenir un peu grotesques. Il aurait fallu plus de délicatesse, plus de subtilité, voire, pourquoi pas, une lueur d’espoir dans toute cette noirceur, pour rendre l’histoire crédible et faire vibrer la corde sensible du spectateur en quête d’émotion.

À noter que l’organisation à but non-lucratif Teesri Duniya Theatre, qui produit la pièce, organise une discussion avec le public et les acteurs après certaines représentations. Cette initiative visant à encourager le dialogue et l’échange entre les communautés résume bien le message central de Birthmark: la paix dans le monde commence chez soi.

Birthmark

Du 3 au 18 novembre, au MAI (Montréal, arts interculturels)

Site Internet : www.m-a-i.qc.ca/événement/birthmark/

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