Indecent, hommage à un scandale scénique

Cette semaine, je me suis rendue au Centre Segal afin d’assister à une excellente pièce qui vaut la peine d’être vue : Indecent.

Indecent, relate l’émoi causé à Broadway, lors de la mise en scène de la pièce « Dieu de la vengeance » (1906) de Sholem Asch, pièce considérée comme profane à l’époque et qui plus de cent ans plus tard apparaît comme étant complète tant elle englobe énormément de thèmes toujours autant d’actualité.

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Indecent, la pièce d’une pièce

Indecent reprend l’histoire du chef-d’œuvre d’Asch, de sa création à Varsovie en 1907 pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il était joué comme un acte d’affirmation artistique dans un grenier du ghetto de Lodz, aux excisions qui lui ont été faites pour les représentations à Broadway et les conséquences qui s’en sont suivies.

Écrit alors que l’auteur était âgé de 20 ans, Dieu de la vengeance raconte l’histoire d’un propriétaire de bordel bourgeois, dont la fille tombe amoureuse d’une de ses prostituées.

Cette pièce a non seulement représenté une relation physique entre deux femmes en la présentant comme étant naturelle et même purifiante, mais elle se termine également par une profanation de la Torah. Malgré son succès, lorsque la pièce traversa les océans pour se retrouver aux États-Unis et en dépit de nombreuses excisions au contenu, elle fut considérée si moralement offensante qu’elle fut interrompue par les forces de police après six semaines de représentation.

Indecent, une pièce très respectable et respectueuse

La scène notoire du roman de Sholem Asch est entièrement interprétée sur la scène du Centre Segal, mais la beauté réside bel et bien dans le jeu des comédiennes effectué avec grâce par Cara Krisman et Julia Juhas. À l’époque, Asch voulait que les Juifs se montrent comme des êtres humains imparfaits et complexes et c’est réussi : il n’y a aucun soupçon de lubricité, ou de perversion dans cette rencontre érotique, mais plutôt de l’émotion quasi palpable.

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Ainsi, l’émotion est très présente tout au long de cette pièce, et ce, dès le départ avec les premiers mots de notre narrateur, Lemml (interprété par Ryan Bommarito), le protégé et le régisseur d’Asch. Indecent est, avant tout, décent, au sens le plus propre du terme. Il est vertueux, solidement assemblé, informatif et déborde de bonne foi. Les sujets couverts en 1h45 sont variés entre contexte politique, homosexualité, liberté d’expression et j’en passe, j’ai passé un excellent moment, et je suis sûre que vous aussi. À voir absolument jusqu’au 19 mai au Centre Segal.

Pour plus de renseignements ou pour acheter des billets :
https://segalcentre.org/fr/shows/2018-2019/indecent-fr

Les photos sont une gracieuseté Andrée Lanthier pour le Centre Segal.

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