Mon histoire d’amour au temps du covid-19

Quand j’ai loué mon 3 1/2 au mois de juin dernier, je venais de laisser un homme qui n’était pas du tout fait pour moi. J’ai délibérément décidé de louer un appartement plus petit, pour en faire mon cocon. Depuis aussi loin que je me souvienne, j’avais emménagé chez quelqu’un, ou déménagé pour quelqu’un. Cette fois-ci, depuis des années, c’est pour moi que j’ai choisi cet appartement. Ça me permettrait de me retrouver après une année difficile, et de faire du ménage dans ma vie.

Je me suis débarrassé de tellement d’affaires, d’objets inutiles que je traînais par obligation, par vanité ou par nostalgie. J’avais envie de redémarrer, de repartir à zéro, d’être dans un endroit qui me ressemble. J’avais des idées de grandeur, une volonté d’en faire mon appartement de célibataire endurcie, car je ne voulais pas partager ni mon appartement, ni ma vie avec un homme avant plusieurs années…

Aujourd’hui, je partage cet appartement avec un homme, mon chéri. Ce n’était pas ce que j’avais prévu, mais est-ce qu’on peut vraiment toujours tout prévoir? Ça n’a pas pris de temps pour en venir à cette décision. Un soir, nous en avions parlé, une folie passagère qui m’était passée par la tête subitement. Deux jours plus tard, mon chéri m’avait dit que c’était finalement une bonne idée.  Après tout, n’était-il pas déjà toujours chez-moi? Il était bien ici, nous étions bien ici, pourquoi s’en priver?

Mon histoire d’amour au temps du covid-19

Il a emménagé le 14 mars. Non pas que la date me soit importante, je m’en rappelle uniquement parce que le lendemain, le gouvernement nous sommait de rester à la maison. Une crise, un appel à l’isolation, du jamais-vu, en même temps que l’adaptation de partager une demeure avec son amoureux.

J’imagine que c’est dans ces temps de crise qu’on voit si ça passe ou ça casse. Quand j’ai fait mon embolie pulmonaire massive, ça m’a ouvert les yeux sur la relation que j’entretenais avec l’homme qui partageais ma vie à cette époque. J’ai réalisé que je perdais mon temps, que ça m’empêchait d’être moi-même. Et après une expérience comme celle-là, ce qu’on veut, c’est vivre. Mais vivre pleinement et authentiquement.

C’est dans cette démarche que j’ai rencontré mon chéri. Il m’a toujours permis d’être moi-même. Lorsque je suis vulnérable, je me mets à nue devant lui et il m’enlace telle que je suis. Il ne me juge pas, il ne me dit pas quoi faire, il est simplement là, les bras ouverts. C’est tellement un homme merveilleux.

Bref, cet homme fait partie de mon quotidien officiellement depuis le 14 mars disais-je. Être confiné avec quelqu’un 24 heures sur 24, ça te permet de voir si tu cohabites bien avec une personne mettons. Et aujourd’hui, près de deux mois après l’appel au confinement, j’avais envie de faire le point.

Ce matin, nous nous sommes réveillés et avons fait le ménage de nos armoires à bouffe. C’était un peu pêle-mêle, et ça nous a fait du bien. Ensuite, mon chéri nous a fait des sandwichs déjeuner avec du pain que j’ai reçu : du pain à la farine de grillon. Je vous en reparlerai. Mon point, c’est qu’il est merveilleux mon chéri. Il me pousse tendrement à devenir la meilleure version de moi-même. Il m’encourage dans mes démarches professionnelles. Il me fait de bons petits-déjeuners et fait même la vaisselle après!

Et alors qu’il est tranquillement assis dans le fauteuil de mon feu grand-père, à feuilleter ses magazines de skate (ouais, c’est un skaterboi), je me sens envahie par l’amour. Ce grand gaillard à la figure mi-homme, mi-gamin, me fait craquer. On a su, malgré la crise qui sévit en dehors des murs de notre appartement, se forger une routine, un train-train quotidien pas si plate que ça. Nous avons été capables, tous les deux, de s’apprivoiser.

Alors que j’entends plusieurs histoires de couples qui se séparent, la lourdeur de la présence constante de l’autre étant trop forte, ça me désole. Les problèmes ressurgissent, le recul est plus difficile, et puis c’en est trop.

Pour nous deux, on a eu une semaine assez haute en émotions il y a deux ou trois semaines. Et ça s’est réglé, on a depuis retrouvé notre harmonie. Il faut dire que mon chéri est hyper facile à vivre avec. Il ne lève jamais le ton, il est souvent enjoué, il est créatif, drôle, intelligent, et il referme la lunette des toilettes quand il pisse. Parfois, quand il regarde ses films de skate ou ses revues, je l’épie sans qu’il s’en rende compte. Je feigne d’utiliser mon ordinateur ou mon cellulaire, et je l’admire… Je laisse l’amour m’envahir, couler dans mes veines, et je souris. Sa présence est si réconfortante. Quand on va se coucher, j’ai souvent hâte au lendemain, pour savoir quelles aventures nous attendent.

On passe nos journées ensembles, on va marcher longuement dans le boisé à côté de chez-moi, on va à l’épicerie ou à la pharmacie, ou on fait du ménage, on écoute de la musique ou des films. On se fait des thés, boisson qu’il raffole autant que moi, et on se prépare à faire notre propre kombucha. Notre prochain défi : les plantes. J’ai une terrasse que j’aimerais verdir, et il a le pouce vert.

Ce que cette crise m’a permis de comprendre, c’est que l’amour est précieux. Quand on trouve une personne avec qui on est bien, c’est une bénédiction. Et quand on passe notre vie avec quelqu’un qu’on ne fait que tolérer, dans le fond, on meurt à petit feu. Comme je le faisais avant. Je dis merci à la vie chaque jour pour mon embolie pulmonaire massive. Ça n’a pas été facile, je ne le souhaite pas à personne, mais ça m’a permis de pouvoir vivre ce que je vis en ce moment avec pleine confiance. J’ai toujours eu de la difficulté à me laisser aimer. Aujourd’hui, je suis convaincue que je mérite tout l’amour que mon chéri me donne, même si ce n’est pas toujours facile pour moi à accepter.

Donc, merci la vie. Cette crise du coronavirus aura eu ça de bon. Ça m’aura permis de me rapprocher de mon amoureux, de me rapprocher de mes amis, que j’ai trop hâte de voir. Ça m’a ouvert les yeux à d’autres choses, à d’autres leçons de vie… Pis, merci à mon amoureux d’être le plus merveilleux des hommes au monde. Je suis chanceuse de pouvoir vivre une histoire d’amour au temps du covid-19.

Ce texte est inspiré d’un texte écrit pour Folie Urbaine : https://folieurbaine.com/2020/04/13/lamour-au-temps-du-covid-19/

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