Flirter avec la mort, ça laisse une trace indélébile dans une vie. Anick Lemay le sait, et elle a su insuffler une belle dose de beauté dans le sombre, leffrayant et limpensable. Elle a lancé son recueil, à lespace Infopresse, le 10 avril. Le gouffre lumineux dAnick Lemay est un récit poignant, issu de sa chronique publiée dans la revue Urbania, qui ma fait brailler plus dune fois dans mon lit dhôpital. Cétait donc un réel bonheur que de la rencontrer à son lancement.
Généreuse et disponible, cest avec une grande tendresse que la discussion sest entamée. Lorsque je lui ai mentionné que jai lu ses chroniques à lhôpital, elle sest enquise de mon état et ma demandé si jallais bien Aaaaah! Merci!

Elle savait quen étant une personnalité publique, elle ne pourrait pas cacher sa maladie bien longtemps. Elle a donc décidé de « lannoncer » à sa manière. Mais il nétait pas question décrire plusieurs textes au début. « À la base, jécrivais ce qui marrivait à mes amis, ma-t-elle révélé. La première chronique, cétait un ramassis de ce que javais écrit à mes amis. Pour moi, après la première chronique, cétait fini. »
Un an après…
Le 10 avril 2018, elle apprend quelle a peut-être des métastases dans la moelle épinière. Cest là que la peur de mourir la frappe de grand fouet. Elle écrit à ses chums de filles son aventure entourant sa double-mastectomie, et plusieurs jours après lopération, elle se relit « Cest là que jai compris que javais une chronique et je lai retravaillé et je lai envoyé à Rose-Aimée. »
Le cancer, aussi terrible que ça puisse être, ça a été une occasion pour Anick Lemay daller à la rencontre des gens. Le contact humain, elle ladore et le maîtrise bien. Quand elle me parle, je la sens présente à 100%. Elle ne pense pas à sa prochaine entrevue, elle me regarde, bien dans les yeux, avec un énorme sourire et une sérénité indéniable. Cest donc ce contact humain, lors des chimiothérapies, qui lont aidé à passer à travers.

« En chimio, je demandais aux autres « Tes qui? Quest-ce qui tarrive? Comment vas-tu? ». Dans toute cette shit de maladie, dans le cancer, cest juste du monde qui veulent vivre. Ça, cest vraiment lumineux. Cest la vraie vie. Il ny a plus de bullshit, il ny a pas de mensonge, il ny a plus de masque. La maladie amène la vérité. »
Quand jai fait mon embolie pulmonaire massive et que je suis sortie de lhôpital après un mois et demi dhospitalisation, jai fait beaucoup de ménage dans ma vie. Jai demandé à Anick si cétait pareil pour elle. « Jai fait du ménage et ceux qui sont restés étaient déjà bien soudés à moi. Ceux qui sont partis, cest quils nétaient pas bons pour moi. »
Comment on sen sort du cancer?
Ouf, la question touchante. Après tout ça, le cancer est parti, mais comment on se sent psychologiquement, dans la vie de tous les jours? Jai demandé à Anick comment elle sen sortait. Elle a longuement réfléchi, et, en lâchant un gros soupir, elle me regarde et me dit :
« Je pense que ça dépend de chacun. Moi, jai cette espèce dappétit là de vivre, depuis que je suis née. Je ne me sens pas forte ni courageuse Jaime beaucoup lhumour. »
Quels sont les objectifs dAnick maintenant?
« Rester vivante. Ça a lair évident, mais je ne lavais pas ça avant. Cétait acquis. Une fois que tu as eu peur de mourir, tu le sais à quoi elle ressemble la mort. Je ne suis pas prête à mourir, mais Avec une maladie grave, pas juste le cancer, il y a un avant, et il y a un après. Nous, on est dans laprès toi et moi. Ça ne goûtera plus jamais pareil. [Non, mais des fois, ça goûte meilleur que je lui ai dit].
Cest sûr! Ça ne goûtera plus jamais pareil et cest vraiment positif! »
Le livre dAnick Lemay est disponible dans toutes les librairies. Il sagit dun premier livre pour Anick Lemay et Urbania. En plus, pour chaque livre acheté, une part des profits sera remise à la Fondation québécoise du cancer!