Le Théâtre Denise-Pelletier accueillait les médias et autres spectateurs mardi soir pour la première représentation de la pièce Le poids des fourmis, une production du Théâtre Bluff. Écrite par David Paquet et mise en scène par Philippe Cyr, duo complice, l’œuvre illustre la dichotomie fascinante existant entre le poids qu’un être porte sur son dos et le poids qu’il occupe et qui pèse sur le monde. À une ère où notre monde croule sous les problèmes sociaux et planétaires, le devoir radical d’agir s’impose et l’inertie face à ces enjeux est considérée comme un affront pour certains.

Parachutés au coeur d’une course aux élections pour la présidence de leur classe, deux adolescents sont confrontés à leurs propres paradoxes et à différentes personnifications du militantisme. L’activisme face aux injustices sociales et aux enjeux climatiques est disséqué et présenté à travers ces deux individus, campés dans leurs pôles respectifs, qui finissent par s’allier et dont les idéaux finissent par s’entremêler. D’une part, le militantisme acéré, radical et viscéral de Jeanne, jeune anarchiste aux diverses contradictions, est mis en scène, souvent démoli et reconstruit. D’une autre part, le militantisme plus doux, naïf et plein d’optimisme d’Olivier évolue quant à lui de façon assez incongrue et surprenante tout au long de la pièce. Ils parviennent tout de même à s’unir, dans l’adversité, à travers leurs questionnements philosophiques et identitaires.
Une foule d’autres personnages reposent sur l’interprétation des deux autres comédiens présents sur scène qui oscillent d’un code à l’autre avec beaucoup d’aisance. Le choc des générations, l’angoisse climatique et l’urgence du changement sont abordés avec énormément d’humour et d’absurdité dans Le poids des fourmis. Les interprètes, pour la plupart, rendent leurs textes avec beaucoup de passion et de grandeur. Le travail agile du metteur en scène contribue grandement à la fluidité et à la culmination de la pièce. L’idée au coeur de l’œuvre et les textes comico-radicaux dérangent, confrontent et soulèvent les réactions. Cependant, on ressent un certain manque de nuance et de subtilité, ayant pu peut-être permettre à l’essence de l’œuvre d’être exprimée avec plus de poésie et de sensibilité.
Le poids des fourmis aborde sans pudeur l’activisme et toutes ses formes d’hypocrisie, sa forme passive, parfois uniquement réactive et le tourment que crée l’écart des mentalités à l’égard des enjeux environnementaux et sociaux. Malgré un certain manque de finesse dans son rendement, l’œuvre présente une façon intéressante de traiter de la lutte au cynisme ambiant de notre ère et de toutes les grandes et petites catastrophes sociétales actuelles avec radicalité et folie. La pièce est présentée au Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 7 décembre prochain. Pour plus de détails, visitez https://www.denise-pelletier.qc.ca/spectacles/96/.