La comédienne et autrice Tatiana Zinga Botao est née au Congo, a grandi à Bruxelles et a ensuite migré vers le Québec à l’âge de vingt-cinq ans pour poursuivre ses études au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. C’est d’après une perspective personnelle, étant elle-même liée à ces trois territoires, sur trois continents, que l’artiste en quête de réponses à de grandes questions s’est penchée sur le texte de Nzinga. La pièce présentée à la Salle Michelle Rossignol du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui (CTD’A) est une création du CTD’A et du Théâtre de La Sentinelle.

Dans une performance solo au cours de laquelle elle nous raconte un récit qui a pris racine d’après un angle autofictionnel, Tatiana explore les raisons de son exil et la façon dont elle honore ses ancêtres, plus particulièrement la reine Nzinga. La guerrière ayant porté le même nom qu’elle, avait régné sur les royaumes de Ndongo et du Matamba, qui forment l’actuel Angola. Cette reine d’une grande force qui incarnait et représente encore aujourd’hui une figure de résistance pour son peuple deviendra l’objet de réflexion central de Tatiana qui s’interroge sur tout ce qui la relie à cette femme.
L’écriture de ce récit d’émancipation et de célébration de la sororité est un travail collaboratif assuré par Alexis Diamond, Marie Louise Bibish Mumbu et Tatiana Zinga Botao. La metteuse en scène française d’origine congolaise Albertine M. Itela s’est également jointe au trio pour encadrer ce texte avec beaucoup de beauté et d’intention.

La puissance du propos est appuyée par la perspective très personnelle et enracinée que Tatiana Zinga Botao réussit à incarner sur scène. C’est avec des pointes d’humour parfaitement placées dans le texte et avec des interactions riches avec le public qu’elle illumine l’espace du CTD’A en enchaînant faits historiques, réflexions philosophiques et révélations personnelles. On sent chaque mot choisi avec intention dans un désir de saisir l’opportunité de raconter son histoire, de façon vraie et profonde.
La résilience du peuple congolais à travers une histoire teintée par la violence du colonialisme est abordée avec beaucoup de sensibilité. Nzinga est habilement construit en campant son récit en parallèle avec d’autres histoires de peuples qui portent aussi un lourd passé d’oppression. Les auteurs et l’interprète interrogent l’impact du passé colonial et sur la culture et la force d’un peuple. Nzinga engendre de grandes questions, notamment sur la manière dont est marquée la vie des individus issus de ces systèmes coloniaux.