L’avant-première du film Origami s’est tenue le 23 avril au Cinéma du Quartier Latin. La salle 1 était bondée, et le film a été reçu avec une vague d’applaudissements tonitruants. Les artisans du film étaient présents pour le « tapis rouge » et ont également assisté à la représentation.
Le scĂ©nario coĂ©crit par AndrĂ© Gulluni et Claude Lalonde a Ă©tĂ© portĂ© Ă lÂ’Ă©cran par Patrick Demers, qui en est Ă son deuxième long mĂ©trage. François Arnaud tient le rĂ´le principal dans Origami, celui dÂ’un homme – David – brisĂ© par la tragĂ©die et la perte inutile et inconsolable dÂ’un enfant. Depuis, David veut remonter le temps – un don quÂ’il possède : celui de voyager dans le temps – pour rectifier son horrible destin.
L’origami est l’art du pliage du papier
Vous le devinerez, ses va-et-vient dans le passé ou le futur, d’un moment à l’autre, ne seront pas effectués sans anicroche. Il plie le temps, sans le contrôler. Arrivera-t-il à empêcher le drame qui lui pourri la vie? Parviendra-t-il a refaire sa vie, ravoir sa fille et sa femme?
Sa peine, sa colère, son mal de vivre transpirent dans les nombreuses scènes où François doit mimer ses émotions, sans avoir accès à la parole. C’est dans un film comme Origami que l’on réalise à quel point le silence parle, à quel point il meuble l’espace. Ces silences ne sont pourtant pas un frein à l’histoire, n’alourdisse pas la fluidité du film. Ces silences ne créent pas de longueurs inutiles, mais ponctuent plutôt les scènes.
La réputation de François Arnaud n’est plus à faire, je ne vous apprendrai rien en disant qu’il était formidable dans ce rôle complexe et profond. Normand D’Amour, qui joue le rôle de son père concerné et consterné brille également à l’écran. Il tente aussi bien qu’il le peut, parfois maladroitement, mais sans jamais de mauvaises intentions, de tirer son fils de la stupeur, de la noirceur.
TruffĂ© de prises de vue stupĂ©fiantes, artistiquement songĂ©es, le film est visuellement intĂ©ressant. Les lignes doubles, les flous, les gros plansÂ… Une scène qui mÂ’a marquĂ©e particulièrement, qui est silencieuse, mais magnifiquement prĂ©sentĂ©e, cÂ’est celle oĂą David sÂ’Ă©croule par terre. Étendu sur le sol, on le regarde dÂ’en bas, comme s’il Ă©tait en fait Ă©tendu sur le plafond. Superbe.
Ça faisait longtemps que je nÂ’avais pas Ă©tĂ© aussi Ă©mue par une Âśuvre artistique. Jusqu’Ă prĂ©sent, ça serait le film parfait pour reprĂ©senter le Canada aux Oscars. Allez le voir, il sera en salle Ă MontrĂ©al dès vendredi. Vous nous en donnerez des nouvelles.