Children of God, fenêtre vers le passé

Je dois vous parler d’une pièce de théâtre que j’ai récemment vue et qui m’a beaucoup touchée : Children of God. Cette comédie musicale qui porte sur le scandale des pensionnats indiens et l’impact de cette sombre période qui perdure dans le temps méritait amplement d’être vue et confirme mon estime pour la programmation originale du Centre Segal.

Children of God, un malaise nécessaire

Imaginez une enfance dans laquelle chaque repas était quasi inexistant et où les adultes et figures d’autorité s’acharnaient à vous faire oublier vos origines, le tout au nom de la religion. Telle a été la réalité pour de nombreux enfants autochtones arrachés à leurs familles et forcés à fréquenter des pensionnats où la discipline à outrance était de mise. De cette discipline découlaient des sanctions tout aussi ridicules les unes des autres, par exemple le simple fait de parler sa langue maternelle ou le simple besoin de vouloir voir sa famille pouvait avoir pour conséquence de la privation de nourriture à long terme ou de l’isolement dans une cave.

Children_centre segal photo Emily Cooper

Children of God nous transporte dans le passé, et plus particulièrement dans le pensionnat de l’horreur où Tommy (Dillan Chiblow), personnage principal, et sa grande sœur Julia (Cheyenne Scott) ont été placés pour une éducation menée d’une main de fer par le Père Christopher (David Keeley) et la sœur Bernadette (Sarah Carlé) chargés d’atteindre l’objectif approuvé par l’état d’effacer le patrimoine de ces enfants, y compris leur langue maternelle.

Rien n’est laissé de côté, les costumes des acteurs nous mettent face à la réalité de ce que devait être le cauchemar vécu par ces nombreux enfants, ainsi les acteurs sont vêtus d’uniformes et arborent des coiffures identiques : têtes rasées pour les garçons, cheveux noirs épais coupés en une frange pour les filles. On laisse rarement place à l’imagination, la pièce nous présente la vérité crue, des enfants seuls, affamés et maltraités. Mais fait non négligeable, la production a pensé à l’aspect émotionnel que cela pouvait engendrer : du soutien psychologique était prévu à chaque représentation, et n’importe quel spectateur pouvait en bénéficier.

Une excellente comédie musicale

Cette comédie musicale se déroule en deux actes, Tommy nous est présenté sous deux angles différents, en tant que petit garçon et en tant qu’adulte sans emploi, malchanceux facilement irritable et séparé de la mère de ses deux enfants. J’ai trouvé Dillan Chiblow génial dans ses deux versions du personnage, son assimilation des mimiques et tonalité d’un enfant n’est jamais entrée dans la caricature et il passait aisément à l’adulte en colère, plein de douleur et frustré.

De façon plus générale, j’ai trouvé l’ensemble de la production excellente. L’histoire a su me tenir en haleine du début à la fin, la mise en scène était impressionnante et le jeu des acteurs brillant. L’accompagnement musical n’était pas en reste, envoûtant tout en étant bien exécuté : entendre le battement du tambour et le rythme de la langue autochtone enchâssés dans le chant et la danse d’une magnifique comédie musicale constitue est une expérience enrichissante que je recommande à tous. 

Crédit photos : Gracieuseté Emily Cooper

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