L’âge du consentement, un texte du Britannique Philip Morris, mis en scène par Philippe Gauthier est installé sur les planches de la salle intime du Théâtre Prospero pour une bonne partie du mois de février. Le récit sombre tiré d’événements vécus en Angleterre en 1993 a été traduit plutôt qu’adapté pour cette présentation montréalaise.
La traduction signée Serge Mandeville est assez bien exécutée compte tenu de la teneur acerbe et dure du propos. L’âge du consentement se penche sur deux trames distinctes, racontées en deux monologues qui se partagent la toute petite scène du Théâtre Prospero en alternance.

Deux histoires sombres qui portent à la réflexion
Dans un premier temps, Isabeau Blanche porte toute la lourdeur de l’interprétation d’une fille-mère qui pousse sa jeune fille de six ans à poursuivre une carrière d’actrice. Avec beaucoup de violence mêlée à une forme d’innocence détournée et troublante, elle raconte le parcours de son enfant qui se termine dans les bras d’un prédateur qui œuvre dans le domaine de la publicité.
Dans un deuxième temps, Timmy, un adolescent de 18 ans s’adresse au public dans un monologue décrivant ses réflexions existentielles et son quotidien dans un centre de détention jeunesse, dans lequel il est contraint d’habiter depuis les 10 dernières années suite à un événement tragique survenu lorsqu’il a assassiné un autre enfant plus jeune que lui à l’âge de 8 ans. Dominik Dagenais incarne le personnage de Timmy avec beaucoup d’intériorité et de fragilité, ce qui ajoute à toute la douleur et la complexité du propos.

Aborder la moralité dans la violence et la fatalité
L’âge du consentement présente un portrait cru, cynique et sombre d’une part de l’humanité. Ça joue avec différents codes qui remettent en question notre sens de la moralité, de la justice, et nous invite à nous demander comment gérer certaines fatalités qui demeurent profondément irréparables en société. La mise en scène est tout aussi brute et dénudée que le récit et permet de mettre l’emphase sur l’aspect très frontal et déstabilisant du thème abordé.
Les interprètes se sont plongés dans cette interprétation avec beaucoup d’intention et de profondeur et cela se ressent. Le sujet de l’enfance est abordé dans cette pièce sous un angle assez déchirant, brutal, et confrontant. C’est avec beaucoup de réflexions amorcées et d’inconfort qu’on quitte la salle après le visionnement de cette œuvre. Il s’agit d’une pièce assez difficile à apprécier pleinement, mais qui traite de sujets qui sont trop souvent occultés.
L’âge du consentement est présenté au Théâtre Prospero jusqu’au 19 février.
Pour plus d’informations: Théâtre Prospero