Le dernier sacrement: pas plus conventionnel pour autant

Écrite et mise en scène par Denis Bouchard (qui incarne également le personnage principal), Le dernier sacrement raconte la fin de vie de Denis, un ancien professeur de sciences politiques atteint d’un cancer en phase terminale. Ayant passé sa vie à décrier l’existence nuisible des religions, voilà que le doute s’insinue dans son esprit face à l’imminence de sa propre mort. Aux soins palliatifs, son infirmière croyante (jouée par la douce Sofia Blondin) et la fille pratiquante de celle-ci (Ayana O’Shun) ébranlent peu à peu ses certitudes.

Si le titre et le synopsis vous semblent familiers, c’est sans doute dû à l’attention médiatique que la pièce a attirée lors de sa sortie au printemps dernier. Plutôt que d’avoir lieu dans un théâtre conventionnel, les représentations se déroulaient dans une réplique d’une chambre d’hôpital au Centre d’apprentissage de l’Académie CHUM. La pièce plongeait donc les spectateurs – pas plus de 60 par soir – au coeur d’une expérience immersive, les transformant en témoins de moments très intimes et parfois bouleversants.

La pièce est de retour cette année, mais elle est désormais présentée au Théâtre Outremont. Je m’y suis rendue avec certaines attentes et j’avoue avoir été rarement aussi surprise au théâtre! En effet, bien que la pièce s’annonce comme une comédie dramatique, le sujet me paraissait lourdement chargé. Je m’attendais donc à verser des larmes de tristesse et non de fou rire. J’imaginais à peine devoir y assister dans une chambre d’hôpital, où le cadre et l’étroite proximité avec les acteurs donneraient à la fiction un aspect trop réaliste.

Que nenni. Contrairement à ce que j’avais prévu, j’ai passé l’essentiel de la soirée à me tordre de rire dans mon fauteuil – comme le reste de la salle, d’ailleurs. Le personnage de Denis ne manque pas d’esprit et il a la langue bien pendue. Ses remarques désopilantes sur à peu près tout et n’importe quoi détendent complètement l’atmosphère. Rien à voir avec l’image que l’on se fait généralement d’une unité de soins palliatifs! Selon Denis Bouchard, qui en a visité plusieurs avant d’écrire son scénario, notre conception est justement fausse. Dans une entrevue à Radio-Canada, il expliquait: “Il y a beaucoup d’humour, beaucoup de joie. C’est hallucinant ce qui se passe là! Ce sont des gens qui ont fait la paix, et ça n’a rien à voir avec la foi.”

Le dernier sacrement nous fait passer un bon moment, quoique léger. Qu’il s’agisse de religion, de mort, de maladie ou d’amour, les thèmes abordés ne sont traités qu’en surface. L’infirmière et sa fille s’apparentent à des faire-valoir, sur lesquels Denis teste ses idées et ses arguments. Aucune de leur réplique ne semble avoir d’impact sur sa réflexion – et vice-versa. Les dialogues ne mènent nulle part, puisque les personnages, campés sur leurs positions, n’évoluent pas.

Dans un cadre d’hôpital, le ton léger et amusant du scénario contribue certainement à dédramatiser la situation. Cependant, puisqu’il a désormais été porté sur les planches, un peu plus de profondeur n’aurait pas nui. Dans tous les cas, qu’elle soit jouée au CHUM ou au Théâtre Outremont, on n’a pas ici affaire à une pièce conventionnelle!

Le dernier sacrement, c’est également un livre, publié par VLB éditeur.

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