J’ai récemment pu assister à une comédie musicale au Centre Segal, Old Stock: A Refugee Love Story, qui m’a beaucoup touchée tant je l’ai trouvé particulièrement belle et pourtant l’histoire n’a rien d’extravagant, mais souvent les choses les plus simples sont les meilleures.

Une histoire d’amour qui n’avait pas lieu d’être
L’histoire démarre avec une scène racontée par l’auteur-compositeur-interprète Ben Caplan, vêtu d’un haut-de-forme et de sa barbe touffue debout au-dessus d’un conteneur : Chaim (Dani Oore) et Chaya (Mary Fay Coady), les personnages principaux, ne se sont pas rencontrés dans les circonstances les plus romantiques qui soient. C’est à Halifax en 1908 que ces nouveaux arrivants, des Juifs ayant fui la Roumanie, ont fait connaissance de façon très maladroite et timide.
On découvre tout au long de cette comédie musicale klezmer (musique instrumentale de fête qui était autrefois pratiquée dans les communautés juives d’Europe) magnifiquement et/ou bruyamment chantée, une histoire d’amour familiale particulière, puisque les personnages principaux, Chaim et Chaya sont inspirés des arrière-grands-parents de la dramaturge canadienne Hannah Moscovitch, mais on découvre surtout une vaste allégorie sur la crise des réfugiés avec un regard dans les coulisses de la vie de personnages qui ne demandent qu’à aimer de nouveau et retrouver leur humanité après avoir vécu les horreurs de la guerre.

Une pièce à la fois didactique et anarchique, tragique et comique
Comme je vous l’indiquais plus haut, Mme Moscovitch est la descendante directe de Chaim et de Chaya et ce lien nous est rappelé à la fin d’une façon originale : Old Stock se termine par une cavalcade de chiffres, Chaim et Chaya ont eu plein d’enfants, de petits-enfants et d’arrière-petits-enfants! Autant de vies rendues possibles parce qu’un jeune homme et une jeune femme chassés de leurs premières maisons ont trouvé un pays suffisamment humain pour les accueillir et les laisser se reconstruire.
Old Stock est une pièce comme je les aime, on n’a pas le temps de s’ennuyer : en passant alternativement du sentimental à l’obscène on y prend vite plaisir. Petite anecdote, j’y ai emmené un ami pas connaisseur pour un sou du genre et il a adoré. C’est dire tant le jeu d’acteurs était bon! Ce chaos d’ambiance convainc et réussit.
Centre Segal
Pour accéder à l’excellente programmation du Centre Segal : https://www.segalcentre.org/fr/