Salle de nouvelles mène la rentrée automnale chez Duceppe

En coproduction avec Le Trident et le Théâtre Niveau Parking (TNP), le Théâtre Jean-Duceppe présente Salle de nouvelles pour amorcer sa rentrée automnale ce mois-ci. D’après un texte de Lee Hall, scénarisé par Paddy Chayefsky, l’œuvre s’inscrit dans un genre qui pourrait être qualifié de comédie noire.

La pièce qui pose un regard sur l’industrie de la télévision et son déclin est une adaptation du film Network de Sidney Lumet paru en 1976. Salle de nouvelles avait initialement été jouée au Trident à Québec en 2021.

Crédit photo : Danny Taillon

Denis Bernard interprète Howard Beale, un présentateur de nouvelles exubérant, pompeux et odieux qui voit sa cote de popularité baisser drastiquement à un moment où l’industrie dans laquelle il évolue voit son règne menacé.  C’est ce sentiment de perte de contrôle sur le pouvoir qu’il exerce par le biais de sa notoriété qui mènera le lecteur de nouvelles de la chaîne UBS à clamer à son auditoire qu’il se suicidera en direct lors de la diffusion de son prochain bulletin de nouvelles.

Crédit photo : Danny Taillon

Cette prise de parole décomplexée suffira à ramener les cotes d’écoute de la chaîne à des niveaux très élevés. Une sorte de suspense s’ensuit alors que l’on assiste à une véritable déchéance publique du présentateur et des camarades qui suivront ses élans. Les jeux de coulisses seront alors exposés au public et les gestes immoraux se verront exacerbés.

Denis Bernard livre une très bonne performance dans ce rôle du lecteur de nouvelles déchu, mais infatigable. Gabrielle Côté offre également une belle présence scénique dans le rôle de Diana, une productrice au contenu pour la chaîne qui veut mener ses convictions à terme dans ce chaos. La justesse du jeu d’Hugues Frenette est aussi remarquée dans son interprétation du patron d’Howard Beale.

Crédit photo : Danny Taillon

La traduction du texte de Lee Hall a été assurée par David Laurin. Malgré le fait que le texte soit parfois un peu trop verbeux, on arrive tout de même à bien saisir son propos. L’intention de l’auteur de démontrer l’effet d’un milieu médiatique meurtri par la quête de pouvoir de ses têtes dirigeantes et son incidence nocive sur ses artisans et son public est assez claire.

On dénote cependant un écart marqué entre la teneur du texte conçu il y a plusieurs décennies et l’état actuel de l’industrie télévisuelle ou celle des médias en général. Les indignations revendicatrices répétées par les personnages tout au long de la pièce perdent beaucoup de leur sens et de leur impact. En tant que spectateur, on perd un peu le fil entre l’essence du texte et la façon dont son intention se traduit dans une réalité plus actuelle.

Mis à part cela, Salle de nouvelles est une pièce divertissante qui mènera sans doute à des conversations intéressantes sur le pouvoir accordé à certains empires médiatiques, et sur la façon dont leurs engrenages sont parfois bâtis sur des principes assez destructeurs.

Salle de nouvelles est présenté au Théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 7 octobre. Bon spectacle !

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