“English” ou comment se retrouver dans une deuxième langue

Cette semaine, je me suis rendue au Centre Segal des arts de la scène pour la première canadienne d’English, une pièce de Sanaz Toossi, dans une coproduction avec l’institution torontoise Soulpepper Theatre Company. English est un regard sincère et plein d’humour sur ce qui se perd et se retrouve.

Crédit photo: Dahlia Katz

English, une langue d’opportunités

Si les langues sont un moyen par lequel nous indiquons aux gens qui nous sommes, peut-on perdre notre identité lorsque nous utilisons celle d’un autre? L’humour, les frustrations et les conséquences de l’adoption d’une langue étrangère constituent la base de la pièce English de Sanaz Toossi. Mais les histoires qu’elle raconte touchent à l’espoir, à l’appartenance, au désir et à ce qui fait des gens ce qu’ils sont.

English est à la fois une comédie enjouée sur la communication et une exploration subtile, mais profonde de ce que cela signifie de parler à voix haute et de se sentir compris. Le fait qu’une pièce puisse accomplir autant de choses avec esprit, facilité, précision et cœur, comme le fait English en 85 minutes, en fait l’une de mes pièces préférées de l’année. La pièce se déroule principalement dans une classe de préparation au Test of English as a Foreign Language (ou TOEFL) à Karaj, une grande banlieue de Téhéran, en Iran. Ce test représente un obstacle différent pour chacun des étudiants pour qui la maîtrise de l’anglais promet de tourner la page sur le prochain chapitre de leurs vies respectives. Cette pièce est écrite presque exclusivement en anglais, lorsque les comédiens parlent farsi, nous entendons un anglais sans accent et fluide et lorsqu’ils pratiquent l’anglais, nous entendons des hésitations, des accents lourds et des rythmes saccadés, la langue devient alors une sorte de masque.

Crédit photo: Dahlia Katz

Des personnages colorés et nuancés

Une enseignante méticuleuse préparant ses élèves au TOEFL (Ghazal Partou). Une candidate à l’école de médecine (Ghazal Azarbad), pour qui réussir le test signifie qu’elle pourra poursuivre ses recherches. Une femme (Banafsheh Taherian) dont le fils a émigré au Canada, pour qui apprendre l’anglais signifie qu’elle pourra peut-être voir sa petite-fille. La plus jeune et la plus rapide du groupe (Aylin Oyan Salahshoor), pour qui l’apprentissage de l’anglais est synonyme de possibilités accrues pour la vie qui l’attend. Un élève beaucoup plus avancé (Sepehr Reybod) aux raisons moins évidentes d’assister au cours, mais qui développe un flirt lent avec l’enseignante.

Au cours des différentes scènes qui ont lieu dans la salle de classe, nous apprenons à bien connaître ces personnages, qui restent cependant aussi obstinément énigmatiques que le sont les gens dans la vraie vie. Leurs progrès tout au long de la représentation sont également imprévisibles, leurs compétences s’arrêtant parfois, puis progressant rapidement, avec l’apparition de nouveaux mots et d’idées apparemment nouvelles.

English sera sur la scène du Théâtre Sylvan Adams pour une série limitée de représentations, jusqu’au 2 avril 2023 (en anglais).

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