MONSTER : un drame d’enfants signé Kore-eda

Le film MONSTER (titre français MONSTRE) du réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda (Shoplifters) prendra l’affiche le 8 décembre prochain. Doublement primé du Prix du meilleur scénario et de la Palme Queer au dernier Festival de Cannes, j’ai été ravie de le visionner récemment.

Sypnosis

Le comportement du jeune Minato est de plus en plus préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon. Mais au fur et à mesure du déroulement de l’histoire à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, la vérité se révèle bien plus complexe et nuancée que ce que chacun avait anticipé au départ…

Mon avis

Le scénario de MONSTER a été écrit de façon à totalement dérouter le spectateur, qui est mené à de fausses conclusions maintes fois. Le film aborde divers thèmes intéressants et aborde fréquemment la mort, la réincarnation et le suicide. Il traite d’ailleurs de l’homosexualité des enfants dans un système culturel et éducatif qui ne leur permet pas de l’exprimer.

Il est également intéressant de voir MONSTER en cette période où le système d’éducation public est en grève, car il se passe en partie à l’école japonaise. On y voit un système d’éducation où les excuses sont polies malgré qu’elles soient déguisées et mensongères. On comprend que les professeurs japonais subissent les mêmes enjeux que ceux au Québec : ils sont mal payés et confrontés à des parents de plus en plus exigeants.

On compatit entre autres avec le parent d’un jeune préado, qui doit déchiffrer les changements de comportement et se confronter à un système culturel qui ne lui offre pas d’assistance. On comprend aussi l’impuissance solitaire d’une mère monoparentale dont on accuse sa tendance à surprotéger son enfant due à son célibat. Tout ça rappelle bien notre réalité !

Qui est le Monstre ?

MONSTRE, le nom du film a été également exploré à toutes les sauces. Quand le spectateur pense avoir saisi le sens monstrueux du titre, il lui est présenté tout de suite après une tout autre définition. C’est la raison pour laquelle je précise que le scénario est expressément rédigé pour nous dérouter. Être un monstre ne se résume pas aussi simplement à une seule signification. Il se définit dans une complexité nuancée qui dépend du point de vue de la personne qui le présente.

Une fin lumineuse

Malgré les thèmes maussades de la mort et du mensonge du film, le réalisateur arrive à donner des souffles de lumières à plusieurs scènes.

Je cite une scène « spoiler », mais digne de mention. Elle m’a marqué par la beauté de son dialogue. Minato explique à sa directrice d’école qu’il ment, car sinon les gens sauront qu’il ne sera jamais heureux. Elle lui répond par après : « Être heureux est à la portée de tous. »

La fin s’ouvre dans une conclusion qui pouvait être tragique compte tenu des circonstances. Néanmoins, le réalisateur a su tourner le drame à une version plus positive et innocente à l’image des enfants du film.

MONSTER est à voir pour le génie derrière le scénario et la réalisation de Kore-eda. Il saura vous tirer quelques larmes si vous êtes parent (surtout de jeunes garçons).

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