Questions et réponses avec Nadia Tranchemontagne

On peut dire ce que l’on veut sur les réseaux sociaux, mais je dois avouer que j’ai fait pas mal de belles découvertes dans les dernières années. C’est d’ailleurs sur Instagram que j’ai découvert Nadia Tranchemontagne (LaTranchemontagne). Cette superbe femme a eu envie de redéfinir ce qu’est la beauté, de transgresser les règles et surtout, d’inspirer. J’avais vraiment envie de vous la présenter. Je lui ai posé quelques questions, afin que vous puissiez la découvrir également.

Raconte-moi un peu d’où tu viens, ce que tu voulais faire quand tu étais jeune, tes espoirs et tes goûts :

Je suis une jeune fille qui vient de la campagne, entre Montréal et Trois-Rivières. J’ai grandi en étant toujours la plus ronde de mes ami.e.s, en réalisant rapidement que j’avais peu de modèles qui me ressemblaient. J’étais gênée à une époque, cachée dans mes livres et dans les arts. Au secondaire, j’ai finalement découvert le théâtre et ça a brisé ma carapace. Ça m’a permis de me trouver une voix et d’extérioriser une partie de ma personnalité que j’avais toujours cachée. J’ai poursuivi des études en théâtre jusqu’à l’Université avant de décider de revenir vers mon premier amour : la littérature. C’est encore quelque chose qui jusqu’à ce jour alimente mes rêves, l’écriture comme la lecture.

Comment as-tu commencé ta « carrière » sur les réseaux sociaux ?

Je ne sais pas si je dirais « carrière », mais j’ai toujours eu cet amour de l’écriture. Il y a un peu plus de 3 ans, j’ai décidé que tous ces carnets dans lesquels je gribouillais depuis des années avait peut-être la possibilité de se matérialiser de manière électronique. J’ai d’abord collaborer pour un autre blogue, Flo&Confettis, avant de décider de commencer mon propre blogue – La Tranchemontagne – en ayant dans la tête que j’allais pouvoir partager des petits articles avec des ami.e.s et la famille qui me suit.

Ça a rapidement dépassé mes attentes, allant beaucoup plus loin que ce que j’aurais pu imaginer. Ce petit projet est devenue une partie prenante de ma vie, allant jusqu’à la création et l’animation de réseaux sociaux qui est ironiquement devenu la plus grande partie de ce que je fais. J’ai découvert ensuite une communauté en ligne de personnes merveilleuses et inspirantes et ça m’a toujours poussé vers l’avant.

Nadia-Tranchemontagne

Tu te démarques définitivement par ton activisme féminin, le bodyshaming et l’acceptation de soi. Comment as-tu commencé à prendre la parole et pourquoi voulais-tu le faire ?

J’ai toujours eu ce sentiment en moi d’injustice face à mon corps et la perception que les autres (et moi-même en avant). J’avais cette rage et cette colère-là qui a trouvé écho dans ce que j’ai découvert en ligne. Quand j’ai commencé à lire sur le body positive, le fat acceptance et tous les autres mouvements qui y sont liés, ça a allumé une flamme en moi. Je dirais même de manière moins élégante que ça m’a mis le feu au cul. Soudainement, j’avais des termes et des gens qui résonnaient avec son ressenti. La voix d’autres personnes m’a donné envie de parler à mon tour.

Au début, on écrit un truc à demi-mot, un peu gênée, et puis quand on entend des gens dire qu’ils s’y reconnaissent, qu’ils comprennent notre réalité, ça nous pousse à nous ouvrir un peu plus. En commençant à bloguer il y a 3 ans, j’ai ouvert une boîte sur mon intérieur et je me suis laissé surprendre par tout ce qu’elle contenait. C’était important pour moi de prendre parole, car j’avais la possibilité de le faire. J’avais et j’ai encore des privilèges qui me permettent de parler ouvertement des enjeux relatifs à la grossophobie et de l’importance de l’acceptation, mais ce n’est pas tout le monde qui peut le faire.

Tu es une femme absolument magnifique, avec un sens du style et un charisme fou! Est-ce que tu t’es toujours bien senti dans ta peau ?

Mon dieu, merci tellement! La réponse est : absolument pas. Et encore aujourd’hui, ce n’est pas quelque chose d’immuable. Je pense qu’on a souvent l’impression que l’acceptation c’est un trophée qu’on décroche, mais la vérité c’est que c’est un processus long, avec des hauts et des bas sur lequel on va potentiellement travaillé toute notre vie. À une époque, adolescente, j’avais déjà cette impression que je pouvais être belle, mais que je ne savais juste pas comment.

Je me cherchais et j’essayais de me définir et ça me donnait l’impression d’être invalide dans le corps que j’avais. Il m’a seulement fallu du temps pour comprendre que ma relation avec mon corps n’avait pas besoin d’être parfaite pour être belle et que, la stigmatisation que je vivais face à mon corps n’était pas dans ma tête et n’était surtout pas de ma faute. La grossophobie existe et elle nous fait croire que nous ne sommes que ça, alors que nous sommes bien plus. Il faut juste parfois prendre du recul et accepter de coupr des gens toxiques de nos vies pour le voir.

Accepterais-tu de me raconter deux ou trois (ou plus!) anecdotes cocasses ou pas reliés aux réseaux sociaux et en lien avec le fait d’être une femme sur les rs, le fait d’être une activiste sur les rs, le fait de publier des photos de toi pour démontrer la beauté de tous les corps…

Être une femme sur les réseaux sociaux, c’est vivre avec des DMs remplis de trucs plus délirants les uns que les autres. Ça me fait capoter !

J’ai vécu le classique du gars qui t’écrit constamment pour te dire que tu es belle et que, quand tu lui dis que tu es en couple/pas intéressée, il te dit soudainement que tu es laide, grosse et moche. J’en ai même eu un qui s’est crée plusieurs profils pour simultanément me cruiser et me fatshamer en même temps. Drôle de technique mettons !

Sinon, j’ai eu la chance de participer l’an dernier à l’émission « Ça ne se demande pas… À une personne grosse » sur Ami-télé. Une dame a commenté sous la vidéo pour émettre des jugements et des commentaires sur ce que j’y disais. Je lui ai donc répondu et s’en ai suivi un long échéance (dans lequel je n’aurais jamais dû m’embarquer), jusqu’à ce que la personne me dise un truc « C’est pas à toi que je parlais, c’est de la personne dans la vidéo ».

Oui ben surprise, la personne en question, c’est moi! C’est juste HALLUCINANT à quel point les gens oublient que derrière les photos et les vidéos qu’ils voient sur Internet, il y a du vrai monde. On est pas juste des images figés !

Pour suivre Nadia Tranchemontagne : LaTranchemontagne

Merci à Nadia Tranchemontagne d’avoir accepté de répondre à nos questions!

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