J’aime Hydro : redéfinir ce qu’est la richesse

Présenté jusqu’au 12 janvier au Théâtre Duceppe de la Place des Arts, la pièce J’aime Hydro ne déçois pas: elle surprend!

Elle surprend parce que rien du sujet (Hydro-Québec) de sa forme (théâtre-documentaire), ou de sa durée (3h45 avec entracte) rime avec divertissement. Pourtant.

Comme Christine Beaulieu, l’autrice et comédienne de la pièce, le dit elle-même : le sujet n’a rien de sexy.  J’étais donc bien curieuse de découvrir cette création dont tout le monde parle.

Puisque la pièce est aussi destinée aux podcasts radios, elle est divisée en 5 épisodes à travers desquels nous suivons les étapes de l’enquête-citoyenne effectuée par Christine Beaulieu. En fait, nous sommes témoins privilégiés de la création même de J’aime Hydro.

Au départ, le projet partait de la question « Pourquoi Hydro-Québec continue de construire des barrages hydroélectriques si ceux-ci ne sont pas rentables ? » Une question plus que légitime qui vient avec son lot de réflexions. C’est à travers plusieurs rencontres, entrevues, et conversations que l’autrice tente de démêler ce qu’est devenu ce projet de société qu’Hydro-Québec fut au temps de la nationalisation par René Lévesque et la Société d’état telle qu’on la connait aujourd’hui. En fait, que représente Hydro-Québec pour les citoyens en 2020 ? Est-ce que l’hydroélectricité et l’expertise québécoise sont de véritables richesses ?

Autant de réponses que d’intervenants. Ces personnages (28 en tout) sont interprétés de manière bien sympathique et tout en simplicité par le comédien Mathieu Gosselin. Il prête donc sa voix pour reproduire les discussions que Christine a eu par exemple avec le Président d’Hydro-Québec.  À un autre moment, il sera une femme autochtone ou François Legault. Même le coloré Rambo Gauthier se matérialise quelques minutes sous nos yeux pour nous expliquer (critiquer) l’octroi de contrat de travail sur la Côte-Nord.

La mise en scène, par Philippe Cyr, est sobre (comme le sujet) avec quelques supports visuels sans plus. La puissance réside dans le texte.

Plusieurs enjeux sont abordés durant la pièce, notamment les enjeux politiques, économiques et environnementaux de la construction de barrages hydroélectriques. Mais au-delà de ces thèmes, se cache une réalité humaine touchante.  On découvre la vulnérabilité de la comédienne-autrice qui fait preuve d’une grande éloquence sur scène. C’est avec beaucoup d’autodérision qu’elle nous avoue son ignorance du sujet. Aucune prétention. Mais elle nous prouve aussi qu’elle a fait ses devoirs et nous en apprends beaucoup sur la société d’État qui fait (ou faisait) la fierté de tant de québécois.

J’aime Hydro ne répond pas de manière satisfaisante à la prémisse de départ (pourquoi continuer de faire des barrages). Je ne crois pas que c’était le but de toute façon. C’est plutôt un prétexte pour reconnecter les citoyens sur un sujet qui semble à des années lumières du quotidien de tout un chacun. Relancer un débat nécessaire. Ouvrir un dialogue pour redéfinir ce qu’est la vraie richesse d’un peuple.

En plus d’être diffusée en direct sur la page de la Compagnie de Théâtre Porte-Parole (les soirs où la pièce est jouée), les 5 épisodes sont également disponibles sur la plateforme Tou.TV.  Parallèlement, Les 3 premiers segments peuvent être écouté en baladodiffusion sur l’application Ohdio de Radio-Canada.

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