La passion de Dodin Bouffant, mettant en vedette Juliette Binoche et Benoît Magimel, a été présenté en compétition lors de 76e festival de Cannes. Le film y a remporté le prestigieux Prix de la mise en scène.

Inspiré du roman suisse « La Vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet » de Marcel Rouff, publié en 1924, Trần Anh Hùng (l’Odeur de La Papaye Verte, Cyclo, Éternité) en signe le scénario et est retourné derrière la caméra après une pause de sept ans pour sa réalisation.

Synopsis

Trần Anh Hùng a étudié en long et en large la science culinaire afin de pouvoir recréer d’exquises scènes. Il a su bien adapter les dialogues pour refléter de la meilleure des façons que la gastronomie est un art, résultat de travail acharné. D’ailleurs, le chef triplement étoilé Pierre Gagnaire et le chef Michel Nave ont agi en tant que consultants pour la confection des plats à l’écran.

Cette ode aux arts culinaires et à l’amour raconte l’histoire d’Eugénie (Juliette Binoche), cuisinière hors pair, qui est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin (Benoît Magimel). Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de leur admiration réciproque est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle.

Mon avis

Le film a pour fonds la relation d’Eugénie et de Dodin, qui est entretenue par leur passion gastronomique. L’essentiel du long-métrage est focalisé sur la préparation des plats.
Plusieurs scènes présentent les amies foodies, convives de Dodin, à table échanger sur des faits historiques de la cuisine. Certes les faits et la science culinaires sont des sujets très intéressants. Néanmoins, une énumération constante de faits alourdit le contenu du film.

Dondin vit une longue histoire d’amour avec sa cuisinière tant au niveau relationnel que culinaire. Il veut l’épouser depuis des lustres, elle le refuse toujours, préférant avoir la liberté de dire non lors de l’intimité. La chimie de couple entre les acteurs est quasi absente : leurs conversations amoureuses se succèdent comme des répliques sans vraiment avoir l’air authentiques. Néanmoins, le spectateur est témoin de leur très beau travail d’équipe dans la cuisine lors de l’exécution des plats. Ils se complètent mutuellement en se comprenant dans leur télépathie culinaire qui est l’épice dominante de leur couple.

Étant épicurienne dans l’âme, mes scènes préférées sont celles dans la cuisine. De gros plans sur les ingrédients, la coupe, la cuisson… titillent tous mes sens : on entend le grésillement du beurre, l’eau qui bouillonne. On « sent » presque toutes les odeurs quand Eugénie éparpille différentes herbes dans le fumet. On a l’impression de goûter chaque plat par nos souvenirs olfactifs. Par exemple, lors de la scène où l’apprentie cuisinière énumère lentement un à un les ingrédients de la sauce bourguignonne : on le sent, on le goûte, on s’en souvient et on a faim !

Des scènes de dégustation des plats donnent l’eau à la bouche telles que celles montrant le géant vol-au-vent, le carré d’agneau et la flambée de la meringue de l’omelette norvégienne. Bref, on a réellement le désir d’aller au restaurant pour un vingt services à la fin du film.

La passion de Dodin Bouffant est un film captivant pour les foodies. Si vous vivez pour manger et non manger pour vivre, c’est un magnifique long-métrage à voir qui vous donnera envie de cuisiner et/ou passer vos prochaines semaines à tester des restaurants français.