L’assemblée : pour susciter la discussion

Au Québec, la gauche et la droite sont deux grandes solitudes qui ne se rencontrent que très rarement.  Elles sont habituellement confinées dans leurs mediums respectifs mais jamais à la même table. Pas de discussion, pas d’écoute. Que des monologues qui s’adressent à un auditoire gagné d’avance. Que se passe-t-il alors lorsque 4 personnes de différents horizons culturels, et politiques sont invités à s’assoir à la même table pour discuter ?

La compagnie théâtrale Porte Parole, qui nous a entre autres donné J’aime Hydro, récidive avec L’assemblée, un théâtre documentaire. En effet, la pièce présentée ces jours-ci à l’Espace Go est un verbatim d’une discussion qui s’est véritablement produite.  Pas de fiction. Isabelle, Josée, Yara et Riham, 4 femmes qui ne se connaissent pas, ont été invitées par deux comédiens (Alex Ivanovici, interprété par Carlo Maestroni et Brett Watson) à se mettre à table et échanger.

Ici, on ne cherche pas le débat, ni à convaincre l’autre (un peu quand même, mais ce n’est pas la finalité du propos). C’est un échange de points de vue et d’expériences personnelles sur des sujets polarisants tel que le racisme.

Au-delà de ce sujet, on cherche à trouver des points communs sur lesquels on peut s’entendre. Une fondation pour s’installer et construire un dialogue basé sur l’écoute. D’ailleurs, les quatre femmes sont invitées à écouter une entrevue enregistrée au préalable avec une dame âgée anglophone. Les propos de la vieille dame sont assez choquants sur les francophones, les féministes et les immigrants. À la suite de l’écoute, une réponse consensuelle sous forme de lettre est écrite. C’est à mon avis le moment le plus fort de la pièce. Un exercice auquel on devrait tous participer. D’abord écouter sans interrompe, ne pas se laisser emporter par l’émotion que peut susciter certains propos et ne pas répondre sous forme d’attaque motivée par l’indignation. Plutôt trouver les points sur lesquels ont peut s’entendre, comme pour se tendre la main. Ensuite identifier les sujets qui semblent préoccuper l’autre et l’amener à ouvrir le dialogue.

La discussion avec un grand D est au cÅ“ur de la pièce.  D’ailleurs, au lieu d’un entracte de 15 minutes; les spectateurs sont invités à monter sur scène et à se joindre à la discussion. Un théâtre participatif pendant quelques instants. Ce moment est proportionnellement intéressant à la qualité des intervenions puisque tout le monde n’est pas doté d’un sens oratoire.

Les quatre comédiennes (Sounia Balha, Pascale Bussières, Amélie Grenier et Nora Guerch) étaient formidables. Il faut garder en tête qu’elles interprètent de véritables femmes et qu’elles devaient leur rester fidèles par respect et ne pas tomber dans la caricature.

La pièce L’assemblée, sans être moralisatrice, donne une leçon sur l’écoute de l’autre. Une valeur parfois oubliée en cette ère du « selfie » et des réseaux sociaux où les trolls alimentent les peurs et divisent les gens. Elle rappelle que pour se parler; il faut d’abord savoir écouter.

L’assemblée est présentée jusqu’au 8 mars au Théâtre Espace Go.

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