Le vieil âge et l’espérance: parce que vieillir, c’est rester en vie

Le vieil âge n’a pas la côte. Pas plus tard que ce matin, je lisais dans les pages d’un livre écrit par une Française, qu’en se baladant à Montréal, elle avait été surprise de constater l’absence de personnes âgées dans nos rues. La ville lui avait paru très jeune, très dynamique, à l’image de sa population, qui ne semblait pas dépasser la trentaine.

Pourtant, les aînés existent, bien qu’ils soient relégués dans l’ombre – du moins, jusqu’à ce qu’un nouveau scandale éclate quant au mauvais traitement subi par l’un d’eux dans un quelconque centre d’hébergement. Pourquoi en parle-t-on si peu? Sans doute parce que vieillir fait peur. Maladie, fin de la vie active telle qu’on la connaît, mort (la sienne et celle des proches): les concepts associés au vieil âge ne brillent pas par leur optimisme.

Et pourtant.

Seuls les plus malchanceux y échappent. Dès lors, deux approches sont possibles: confronter cette réalité avant même qu’elle ne se produise, afin de s’y préparer et, éventuellement, de l’accepter; ou l’écarter de nos pensées jusqu’à ce qu’elle devienne inévitable.

N’étant pas du genre à me mettre la tête dans le sable, j’ai choisi la première option. C’est dans le cadre de cette démarche que j’ai récemment visionné le nouveau documentaire de Fernand Dansereau, Le vieil âge et l’espérance. Et c’est pour sensibiliser les jeunes aux thématiques qui y sont abordées que je vous recommande d’aller le voir, vous aussi.

À 91 ans, Fernand Dansereau signe le dernier volet de sa trilogie. Après Le vieil âge et le rire en 2012, puis L’érotisme et le vieil âge en 2017, Le vieil âge et l’espérance a pris l’affiche au Québec le 26 avril dernier. Le réalisateur, qui a jouit d’une santé de fer toute sa vie, s’est soudain vu atteint de trois cancers et de problèmes cardiaques. À cela s’est ajoutée la perte de 20 êtres chers, en tout juste 24 mois.

La douleur causée par ces événements a généré chez lui de grands questionnements. Armé de sa caméra, il est parti en quête de réponses, interrogeant psychologues, gérontologues, anthropologues, personnes âgées, patients en fin de vie et quelques amis (dont plusieurs réalisateurs très connus, tels Denys Arcand, Marcel Sabourin et j’en passe).

Peut-on vivre en paix avec la certitude de la mort? Comment accepter la défaillance de son propre corps? Quel est le sens de la vie? Pourquoi sommes-nous sur Terre? Quelle place accorder à Dieu dans ces réflexions?

Les questions se répètent, mais les réponses diffèrent d’un intervenant à l’autre. Au-delà d’un traité sur l’âge, le documentaire prend une véritable dimension spirituelle. Au final, pas de consensus, mais plusieurs pistes à explorer pour plonger au coeur de soi-même et y puiser nos propres réponses.

Le résultat est touchant, émouvant, lumineux, à la fois grave et léger. Plusieurs scènes m’ont bouleversée, par leur sincérité et leur tendresse, par l’intelligence et la lucidité de leurs intervenants. Les propos de l’un d’eux en particulier marquent par leur profonde véracité. Pierre-Charles Audet, que l’on rencontre au crépuscule de son existence et à qui le film est dédié, réussit en quelques phrases à réconcilier le paradoxe de la vieillesse:

« Si on ne vieillit pas, on meurt. À ce moment-là, imaginons vieillir. Les gens qui ont peur de vieillir, je leur dis: n’ayez pas peur! Vieillir est la seule manière de rester en vie. »


Le vieil âge et l’espérance, documentaire de Fernand Dansereau, 90 minutes, en salle au Cinéma Beaubien.

Les photos sont des captures d’écran du documentaire Le vieil âge et l’espérance.

Laisser un commentaire